Catherine Vallée est chercheuse à VITAM et professeure titulaire en ergothérapie à l’École des sciences de la réadaptation de l’Université Laval. Elle vient tout juste de recevoir le prix Grande contribution de la réadaptation afin de souligner sa carrière, notamment des rôles de direction de programmes et du département, son engagement remarquable en enseignement, et son leadership en ergothérapie et en science de l’occupation au niveau national.

 

Tout au long de sa carrière clinique et universitaire, Catherine s’est engagée à l’avancement des pratiques en réadaptation psychosociale et en santé mentale communautaire. Les questions relatives aux programmes de suivi communautaire, au logement et au travail sont au cœur de ses préoccupations, car elle y voit une manière d’agir sur les déterminants de la santé et de soutenir un accès équitable à des occupations valorisées et valorisantes. 

 

Un peu plus tôt cette année, elle a également reçu un prix fort prisé à l’échelle nationale dans le domaine des sciences de l’occupation : le Prix de la Conférence Townsend & Polatajko 2024. La Société canadienne pour la science de l’occupation souligne ainsi sa contribution significative à la recherche et à l’éducation pertinentes pour les sciences de l’occupation, ainsi qu’au développement de la communauté des sciences de l’occupation au Canada, dont au sein de la communauté francophone.

 

Qu’est-ce que la science de l’occupation?

Elle correspond à l’étude des occupations humaines, ou plus simplement, de ce que nous faisons de nos journées. La science de l’occupation s’intéresse à la manière avec laquelle ce que nous faisons tous les jours :

 

  • Façonne ce que nous sommes (notre identité) et ce que nous devenons (notre croissance et notre développement);
  • Influence notre santé. Au-delà d’adopter des habitudes de vie saines, il faut reconnaître que c’est à travers nos occupations de tous les jours que nous apprivoisons nos forces et nos vulnérabilités, que nous nous adaptons et que nous tissons des liens sociaux;
  • S’inscrit dans le temps et l’espace. On s’intéresse ici à l’influence des nombreuses facettes de notre environnement (social, communautaire, économique, organisationnel, culturel et politique) sur notre vie quotidienne. On s’intéresse également à la manière avec laquelle on arrive à conjuguer (ou non) nos obligations et du temps pour soi et comment les occupations s’orchestrent entre elles et celles de nos proches;
  • Reflète les iniquités sociales. Avez-vous remarqué que la société valorise certaines occupations et en dévalorise d’autres? En effet, la parentalité, le bénévolat, le travail, le loisir ou la proche-aidance ne sont pas considérés de la même manière. On observe que certains groupes sociaux n’ont accès qu’à des activités qui les marginalisent davantage.

En quoi la science de l’occupation est-elle utile?

Pour répondre à cette question, prenons un exemple concret du quotidien. Préparer le souper est une occupation que bon nombre de personnes maîtrisent sans peine. Mais pour de nombreux parents, préparer le souper implique d’aider en même temps les enfants à faire leurs devoirs, de gérer les relations entre les frères et sœurs, de communiquer au conjoint ou à la conjointe ce qu’il faut acheter en chemin, avec le son de la radio en bruit de fond. Cet exemple illustre qu’une occupation s’inscrit dans un contexte qui complexifie sa réalisation et que la réalisation de nos occupations dépend aussi de celles des autres.

 

Or, il n’est pas rare qu’en réadaptation, les professionnels et les professionnelles proposent des interventions et des adaptations pertinentes à la réalisation d’une occupation, comme celle de préparer un repas, comme si elle se réalisait en seule, dans un contexte optimal.

 

Cela démontre l’importance de développer des interventions, des soins ou des services qui tiennent compte du contexte et de l’environnement de la personne.

 

L’humain au cœur de la science de l’occupation

Les principes d’équité et de justice sociales, ainsi que de renforcement des capacités des individus et des communautés sont au cœur des préoccupations de la science de l’occupation.

 

Plusieurs chercheurs et chercheuses se montrent critiques sur ce que nous considérons comme une vie quotidienne « normale », et pourquoi certaines personnes y ont accès et d’autres non. Certaines occupations jugées « malsaines » peuvent pourtant permettre à certains individus d’accéder à des revenus ou d’avoir un sentiment d’appartenance à un groupe. 

 

D’autres chercheuses s’intéressent à des occupations qui sont invisibilisées, comme les démarches administratives pour accéder à un service ou la recherche d’aliments à moindre coût.

 

On peut faire le lien avec le concept de santé durable ici. « On individualise un problème qui dépend beaucoup plus des structures sociales que des personnes. Pourquoi une personne n’adopte pas de saines habitudes de vie ou ne sort pas de la pauvreté? L’enjeu est souvent davantage structurel et la solution ne repose pas que sur les épaules de l’individu », explique Catherine Vallée. La santé est un équilibre complexe entre la condition physique et mentale d’une personne, mais aussi entre ce qu’elle fait, ce qu’elle peut faire, ses habitudes de vie, son milieu de vie, son milieu de travail, l’aménagement urbain, etc.

 

« S’inscrire en science de l’occupation, c’est de faire le travail que fait VITAM mais avec une préoccupation pour ce que les gens font, le contexte dans lequel ils le font, et en quoi cela est porteur de santé ou non ».

 

Les grands principes de l’ergothérapie et de la science de l’occupation démontrent que la santé d’une personne est étroitement liée à ses occupations, à ses différents environnements et aux contextes dans lesquels elle évolue au quotidien. Comment changer les environnements ainsi que les structures sociales, économiques et politiques autour de nous pour que les gens puissent accéder à la santé? La vision holistique de la santé durable prend alors tout son sens.

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