Par Joanie Bédard
La stigmatisation et l'autostigmatisation en santé mentale
Le 13 décembre dernier a eu lieu un Dialogue VITAM intitulé La stigmatisation et l'autostigmatisation en santé mentale. Qu’est-ce que la stigmatisation et l’autostigmatisation en santé mentale? Est-ce que la stigmatisation nourrit l’autostigmatisation? Nuit-elle au rétablissement de la personne? Peut-on espérer un avenir sans stigmatisation? Les panélistes ont répondu à ces questions.
Panélistes invité(e)s : Luc Vigneault (auteur, conférencier et patient-partenaire), Michel Gervais (MD psychiatre CIUSSS-CN), Marie-Ève Côté (coordonnatrice de contenu et patiente-partenaire), Kevin-Marc Valery (docteur en psychologie, enseignant et chercheur)
Selon Kevin-Marc Valery, la stigmatisation survient lorsqu’on réduit une personne à une seule facette de sa personnalité, pour ensuite généraliser ce comportement, cette réaction ou ce trait de caractère à l’individu. Par exemple, on pourrait dire que les personnes qui ont des troubles de santé mentale sont dangereuses, imprévisibles ou incompétentes, alors que c’est bien loin d’être le cas.
Il souligne également que la stigmatisation peut également mener à l’autostigmatisation, soit lorsqu’une personne qui a reçu un diagnostic s’approprie des étiquettes qu’elle croyait préalablement vraies pour les autres. Il s’agit d’une dévalorisation de soi basée sur les fausses croyances et les idées véhiculées dans la société.
Luc Vigneault et Marie-Ève Côté, victimes de stigmatisation, expliquent que celle-ci a des conséquences importantes pour les personnes atteintes de troubles de santé mentale. Elle mène bien souvent à des situations inéquitables pour ces personnes, notamment lorsqu’elles tentent d’obtenir des services, un emploi ou des opportunités sociales. Ces événements peuvent mener à une diminution de l’estime de soi et à une difficulté à trouver sa place dans la société. La stigmatisation demande également aux personnes de prouver que leur maladie n’influence pas leur fonctionnement et leur fait subir une pression énorme d’être « super » partout : superemployé, superparent, superpartenaire, etc.
Les panélistes s’entendent heureusement pour dire qu’il est possible de s’allier contre la stigmatisation en posant des gestes simples. Tout d’abord, faire preuve d’ouverture et d’écoute face au parcours des personnes atteintes d’un trouble de santé mentale, ainsi que les partager autour de soi permet de démystifier les troubles en question. Appliquer une politique de tolérance zéro en matière de stigmatisation autour de soi et conscientiser avec bienveillance son entourage est aussi un geste clé. Désamorcer les croyances en demandant à ceux et celles qui les véhiculent ce qui pourrait les faire changer d’avis permet aussi d’engager une discussion ouverte et de lutter contre la stigmatisation. Finalement, favoriser la participation des personnes (implication dans des comités ou des projets de recherche) et reconnaître leur contribution à juste titre par la rémunération permet d’augmenter la représentativité des personnes vivant avec des troubles de santé mentale et de participer positivement à leur projet de vie.
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Approches et interventions novatrices en santé mentale
Pour faire suite au Dialogue VITAM précédent, nous avons tenu le 10 février dernier un Dialogue VITAM intitulé Approches et interventions novatrices en santé mentale. Quelles conséquences entraîne la stigmatisation? Quelles interventions peuvent être mises en application pour favoriser la création d'environnements inclusifs et non stigmatisants pour les personnes avec des troubles de santé mentale? Les panélistes répondent à ces questions.
Panélistes invité(e)s : Marie-Ève Côté (coordonnatrice de contenu et patiente-partenaire), Tania Lecomte (professeure titulaire, Département de psychologie de l’Université de Montréal, chercheuse, Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal); Tin Ngo-Minh, MD, FRCPC (professeur adjoint à l’Université d’Ottawa et chercheur associé, axe santé mentale, Centre de recherche du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais); Luc Vigneault (auteur, conférencier et patient-partenaire).
Dans ce Dialogue VITAM, les panélistes ont expliqué l’importance de mettre en place des stratégies pour contrer la stigmatisation, qui est souvent inconsciente et dans toutes les strates de la société (personnel, éducation, gouvernement, recherche).
Tel qu’illustré dans le premier dialogue sur le sujet, les impacts de la stigmatisation sur la vie des personnes sont énormes, et les stratégies mises en place pour l'éviter permettent de favoriser l'ouverture aux autres et aux différences, ainsi que de développer le savoir-être, pour une société plus bienveillante, plus empathique et plus inclusive.
Les personnes avec des troubles de santé mentale peuvent être des modèles positifs qui favorisent l’espoir et valorisent la résilience, le courage et la persévérance.
Les panélistes ont proposé de nombreuses pistes d’action simples et concrètes pour lutter contre la stigmatisation. Ils ont réitéré l’importance d’agir à tous les niveaux en privilégiant une vision holistique de la santé, telle que mise de l'avant dans le concept de santé durable.
Pour connaître les trucs de nos citoyen(ne)s partenaires, les stratégies de nos clinicien(ne)s-chercheur(-euse)s et les acronymes à retenir, consultez l’infographie ou les diapositives ci-dessous!
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